Un être se dénude, s’avoue
A cette fin, il choisit la poésie? Quel autre choix, qui fût meilleur? Elle est le moyen le plus sûr, au moins quand elle se refuse aux complaisances, de couper les branches sèches, d’émonder les inutiles, de faire place nette. La poésie parvient à l’os, à l’élément premier sur quoi tout se fonde, ou même, si l’on préfère, au coeur, au battement vital, à la pulsion du destin.
Elle veut revêtir, certes, d’autres formes. Celle dont nous parlons ne se contente pas d’être voyageuse au sein des paysages choisis, parmi masques et bergamasques. Les masques, elle les ôte, les arrache. Il lui faut la vérité, aussi âpre soit-elle. Elle cherche la baie cachée dans l’épaisseur, plus que le fruit offert, plus que la fleur sur le lit découvert du pré. Il s’agit, pour elle de savoir. Savoir qui nous sommes, et ce qui en nous, est.
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- Et moi je voudrais d’abord
être lavé, nettoyé, rincé
n’avoir plus que la netteté
janséniste des os seuls,
donner ma chair aux vautours
marquer dans les déserts
la route des caravanes,
indiquer par mon squelette.
Et moi je voudrais aussi
me débarrasser à jamais,
me laver, me nettoyer, me rincer,
quitter mes affiches politiques,
cesser de promettre en mentant
en vert, bleu, rouge ou blanc,
que ma pierre soit nue sous le ciel,
dût-elle nue, se désagréger.
Et moi je voudrais enfin
Etre plus propre et plus nu
et vivant, que je sois lavé
comme les morts sous la terre.
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